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Le pourpoint au XVe siècle, partie 1

  • Guillaume Levillain
  • 13 avr. 2020
  • 3 min de lecture


Bonjour à toutes et à tous,


Malgré les siècles et les cultures, il est possible de découper l'Histoire de la mode masculine en trois grandes phases : la tunique unisexe, depuis l'Antiquité jusqu'à la fin du Moyen-Age, puis l'ère du pourpoint, et enfin, celle de l'habit à la française, dont nos vestons modernes sont les héritiers.


Ainsi donc, un nouveau vêtement, apparu durant les dernières années du XIIIe siècle, d'inspiration militaire, fait l'objet d'une nouvelle réglementation dans les années 1310-20, à l'attention des artisans qui le confectionnent. D'abord appelé « doublet », nous avons déjà eu l'occasion d'aborder cette pièce de la garde-robe masculine il y a quelques semaines sur cette page. Mais dès le milieu du XIVe siècle, on rencontre diverses dénominations dans les textes d'époque : juppon, jupel, gippon, et enfin pourpoint, sont autant de termes que les historiens du costume ont allègrement mis dans le même sac depuis le XIXe siècle. S'ils semblent recouvrir le même type de confection de base, à savoir un vêtement cintré composé de plusieurs couches de tissu et de bourre de coton piquées ensembles, l'analyse de l'iconographie nous laisse cependant de nombreux indices pour approfondir le sujet. Ces différents termes peuvent en réalité couvrir des différences dans les détails, telles que des basques/jupes plissées ou des attaches cousues à l'intérieur pour fixer les chausses, ou encore qualifier le même vêtement selon qu'il soit destiné à être porté seul ou sous une robe. De même, certains termes se retrouvent plus ou moins généralisés selon les régions, gippon ou pourpoint au nord, et juppon dans le sud.


Tout ceci s'uniformise quelque peu durant le dernier quart du XIVe siècle, la corporation des pourpointiers/gipponiers absorbant tous les petits métiers concernés par la fabrication de ce vêtement. Sa construction elle aussi, s'est stabilisée. Même si le nombre de toiles intérieures peut varier selon les régions, le pourpoint comporte en moyenne en 1400 une étoffe extérieure, un contre-endroit en toile de la même couleur, une âme en bourre de coton (exportée depuis la Méditerranée) prise entre quatre couches de toile, et une doublure. Si les piqûres sont le plus souvent invisibles à l'extérieur, celles des basques, des poignets et du col peuvent être visibles, dans un esprit décoratif et plus seulement pratique.

Porté aussi bien par les gens du peuple que par la noblesse, le tissu extérieur constitue la marque visible de la richesse de son porteur : des draps de laine grossiers pour les plus modestes, et des étoffes plus fines pour les plus riches. L'iconographie du début du XVe siècle offre une débauche de luxe dans les pièces portés par la noblesse, avec de nombreux éléments inspirés notamment des houppelandes, tels que les cols hauts, les grandes manches pendantes, ou encore des broderies.


Cette première illustration est directement inspirée d'une miniature des années 1390-1400. Le pourpoint de notre homme est taillé dans du drap de laine rouge, et comporte des piqûres extérieures sur le corps ainsi que les poignets et le col, qui fait ici sont apparition dans la garde robe masculine. Jusqu'ici, c'était le chaperon qui avait pour fonction de protéger la gorge. Le patron de base est dit à « quatre quarts », c’est à dire qu'il ne comporte aucune couture à la taille. Typique de cette période, le torse comporte plus de couches de toile et de bourre de coton, afin de le rendre plus bombé. Vous pouvez également constater que les boutons sont posés non pas à plat, mais sur la tranche du vêtement, ce qui le rend réversible, permettant entre autre aux travailleurs de le retourner pour éviter d’abîmer l'étoffe extérieure. Des lacets sont également cousus à demeure sur le bas, afin de fixer les chausses « pleines dedanz jambes », qui montent jusqu'à la naissance des hanches.


Illustration: Guillaume Levillain, 2019

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