Bonjour à toutes et à tous,
L'un des objectifs des petites études que je publie est de bousculer un tant soit peu l'imaginaire collectif et sa vision des hommes et des femmes du passé. Et s'il est bien une image malmenée encore de nos jours, c'est bien celle du légionnaire romain.
Si beaucoup de gens ont en tête l'image du petit bonhomme en tunique verte et armure segmentée, issue de la bande dessinée Astérix, il est bon de rappeler que l'Histoire romaine s'est écrite sur plus de 2000 ans (de la fondation de Rome en 753 à la chute de l'empire romain d'Orient en 1453).
Nous aborderons donc aujourd'hui le légionnaire romain du IVe siècle après Jésus-Christ, alors que l'empire romain d'Occident est en pleine mutation.
L'homme du jour est un soldat de première ligne, un vétéran qui plus est. Les éléments dorés qu'arbore son casque prouvent que c'est un don de l'empereur pour sa bravoure au combat. Le casque justement, est un "Intercisa", dont la fabrication est inspirée par ceux portés par les peuples germaniques. La calotte n'est plus d'un seul tenant, mais est assemblée à partir de plusieurs éléments. Cette fabrication moins coûteuse et plus rapide, assurée par les fabricae (manufactures impériales disséminées dans l'empire) permet d'équiper en masse une infanterie toujours plus nombreuse.
Le bouclier n'est plus rectangulaire, mais ovale, et légèrement bombé. Il est constitué de trois couches de lattes de bois, et se tient à l'aide d'une manipule protégée par un umbo (la pièce métallique sphérique au centre).
Son équipement défensif corporel est constitué de cnémides en fer, qui protègent les tibias, d'un toracomachus, une veste matelassée, et d'une cotte de maille.
Son armement est constitué d'une lance et d'une spatha (épée longue elle aussi empruntée aux germains), dont le baudrier se porte en bandoulière.
Cette silhouette, nourrie des apports culturels germaniques, est hautement symbolique de l'évolution de l'empire romain au lendemain des guerres civiles qui le secouent durant le IIIe siècle. Car contrairement à l'image reçue, ce ne sont pas les germains qui l'envahissent, mais c'est l'empire qui se germanise. C'est ainsi que s'esquisse le visage de l'Europe carolingienne, qui entretiendra le souvenir impérial romain quelques siècles plus tard.
Illustration: Guillaume Levillain, 2019
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