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Le XVe siècle représente un tournant dans l'organisation des armées européennes, avec l'effacement progressif du ban et de l'arrière ban, au profit d'unités semi-permanentes ou permanentes. Conçues pour être plus rapides à mettre sur pied, plus efficaces et fidèles, elles dépendent directement des Grands qui les lèvent.
Le 20 mars 1425, le duc de Bretagne Jean V crée par ordonnance le système des franc-archers, imité 20 ans plus tard par le roi de France Charles VII. Le recrutement, s'il est avant tout destiné aux gens du peuple, est également ouvert aux nobles.
Chaque paroisse, selon son nombre d'habitants, doit fournir un ou plusieurs archers, sélectionnés ensuite par des commissaires ducaux. Elles doivent lui fournir un équipement militaire composé d'un casque, d'un jaque, et de chaines de bras pour sa protection. Ceux qui savent tirer reçoivent un arc ainsi qu'une trousse garnie, tandis que les autres sont armés d'armes d'hast et d'un pavois.
Ces hommes, pour leur service, sont "francs" (exempts) de taille (impôt) et de guet (patrouilles de surveillance), et touchent en outre une solde lorsqu'ils sont en service.
Afin de faire appliquer son ordonnance dans son duché, et contrôler les différentes montres (revues) destinées au recrutement, Jean V nomme un certains nombre de hauts personnages.
Les principaux sont le sire de Châteaubriant, qui reçoit les évêchés de Saint-Brieuc, de Saint-Malo et de Tréguier. Le Léon est géré par les sires du Chastel et de Carmaouan, et celui de Cornouailles par Henri du Juch, ainsi que les sires de Rosmadeuc et de Polmic. Celui de Nantes échoit quant à lui au maréchal de Bretagne lui-même, le sire des Huguetieres.
Le paradoxe de cette nouvelle institution, que cela soit en Bretagne ou en France, est qu'elle a laissé le souvenir de troupes peu courageuses au combat, et souvent peu motivées. Tout en ayant servi de ciment et de base de réflexion, tant aux armées ducales que royales, notamment après les Guerres de Bourgogne.
En effet, Louis XI ordonne la création de bandes militaires, les ancêtres de nos régiments d'infanterie, quelques mois avant sa mort. Ces dernières incorporent dès lors de nombreux anciens franc-archers de manière permanente.
Illustration: Franc-archers, 1425.
Aquarelle rehaussée de gouache.
Guillaume Levillain, 2019
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